Bonjour,
Votre question est légitime, et touche à des problématiques fréquentes lors de la création d’entreprise, en particulier lorsqu’un ou plusieurs fondateurs investissent bien plus que des fonds, en apportant une idée, du travail et une vision stratégique. Il est essentiel de sécuriser ces apports et ce rôle fondateur dès l’origine pour éviter des déconvenues ultérieures.
Voici les mécanismes juridiques et bonnes pratiques que vous pouvez envisager :
• Reconnaître les apports en industrie : L’article L. 225-14 du Code de commerce (pour les SA) et l’article 1843-3 du Code civil (pour les sociétés en général) permettent de prendre en compte des apports en industrie (temps, savoir-faire, réseau, concept, direction, etc.). Ces apports n’entrent pas dans le capital social (sauf en SARL ou SAS), mais peuvent donner lieu à des droits particuliers dans les statuts, notamment des parts sociales ou actions spécifiques, avec droit de vote et participation aux bénéfices. Dans les SAS, cette souplesse est accrue (articles L. 227-1 et suivants du Code de commerce).
• Prévoir une répartition des actions tenant compte de l’implication globale : Il est d’usage, dans une SAS notamment, de répartir les actions selon une grille valorisant à la fois les apports financiers et les apports humains ou industriels. Cela suppose une négociation initiale transparente. En pratique, un fondateur peut obtenir une part significative du capital même sans apport en numéraire, s’il est reconnu comme indispensable au projet.
• Rédiger un pacte d’associés/actionnaires structurant : Ce document extra-statutaire est clef. Il peut notamment contenir :
- Des clauses d’incessibilité temporaire (lock-up) pour éviter les départs précipités ;
- Une clause d’exclusion encadrée, permettant éventuellement l’éviction d’un associé sous conditions strictes, mais également une clause de sortie conjointe ou clause de préemption ;
- Des droits de veto, des quorums renforcés ou des droits particuliers de gouvernance, protégeant la position du porteur de projet ;
- La définition de votre rôle comme dirigeant statutaire avec des modalités précises de révocation, souvent soumise à une majorité renforcée ;
- Une clause de rémunération ou d’attribution de BSPCE ou actions gratuites pour reconnaître l’investissement opérationnel au-delà du capital.
• Statuts : catégories d’actions différenciées : En SAS, vous pouvez créer plusieurs catégories d’actions, avec des droits différenciés en matière de vote, de dividendes ou de liquidité (article L. 228-11 et suivants du Code de commerce). Cela permet de distinguer les actions du fondateur de celles des simples investisseurs.
• Anticiper les conflits par des clauses de stabilité : Pour éviter d’être « délogé » par une majorité d’associés ultérieurement, il est conseillé de :
- Prévoir que certaines décisions stratégiques nécessitent votre accord ou un vote à l’unanimité ou majorité qualifiée ;
- Instituer des clauses de non-dilution, voire une clause de rachat préférentiel de vos actions si vous quittez la direction involontairement.
• Appréciation judiciaire des apports non financiers : En cas de contentieux, les juges examinent les engagements contractuels et les preuves concrètes des apports non financiers (preuves d’activité, correspondances, preuves de direction effective, etc.). L’absence d’écrit joue souvent contre le fondateur. D’où l’importance cruciale d’un pacte d’associés bien rédigé et de statuts précis, rédigés avec l’aide d’un conseil spécialisé.
Sur le plan moral comme stratégique, il est essentiel que votre rôle de créateur et moteur du projet soit reconnu non seulement en paroles, mais juridiquement. C’est la clef d’un projet viable et serein à long terme.
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il y a 8 jours
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